Roc de l'Andourra - AACM © JG

« Le Roc de l’Andourra », est cet énorme bloc de granite surmonté d’une croix, situé à l’entrée du village d’Arquizat. Il est chargé de légendes et de traditions orales auprès duquel l’imagination populaire place les ébats des sorcières « las brèichos » et des esprits malins de la vallée.
La réalité est bien plus prosaïque, c’était un lieu de péage.


Les « lies et passeries »

Depuis le Moyen-âge, en vertu des accords sur les droits de passage entre les vallées des Pyrénées, les « lies et passeries » organisaient les liens commerciaux entre les communautés montagnardes.
La frontière séparant les États n’empêchait nullement les échanges commerciaux entre les villageois de nationalités différentes. Elle n’était pas non plus un obstacle pour les éleveurs, qui faisaient pacager leurs bêtes, indifféremment sur les deux versants pyrénéens.

– Les « lies » définissaient la sécurité réciproque des biens et des personnes entre l’Andorre et le Haut Sabarthès en particulier contre le brigandage.

– Les « passeries » fixaient le prélèvement des droits sur les personnes, les animaux et les marchandises.

Des documents conservent la trace de l’histoire de ces lieux de passage. On peut citer l’accord :

  • du 23 juin 1680 entre François Louis de Montaud (Baron de Miglos) et les représentants de la vallée d’Ordino (Andorre).

Ces accords comprenaient toujours la libre circulation des biens et des personnes, la protection du cheptel et la sauvegarde des populations en cas de guerre ou de maladie contagieuse. La signature de ces accords donnait lieu à des réjouissances, danses, banquet et jeu de quilles sur la place d’Arquizat.
Les Andorrans dansaient « l’épée au côté » , selon la coutume. Ils jouaient aux jeux de quilles et les perdants payaient le vin qui était bu sur la place publique : c’étaient toujours les Andorrans qui perdaient… Diplomatie !

Croix sur le Roc, en arrière plan le village de Lapège - AACM © GL

Lorsque les Andorrans venaient commercer aux foires de Tarascon et de Vicdessos, ils devaient payer leur passage sur les terres de la Baronnie de Miglos.
D’après la tradition orale, on raconte que la redevance était acquittée pour l’année, ce droit de passage était minime, chaque marchand devant déposer deux poulets au pied de ce rocher.

Mythe ou légende, l’imagination populaire déforme la réalité historique. Mais de nos jours, encore, il existe bien des lieux de contrôles et autres péages.
Les « lies et passeries » font parties maintenant du droit international.


Renouvellement du traité, le 23 juin 1680,
entre la paroisse d’Ordino (Andorre) et la communauté de Miglos

(AD 09 , 5 E 670, f°138)

Renouvellement du traité, le 23 juin 1680,
entre la paroisse d'Ordino (Andorre) et la communauté de Miglos
(AD 09 , 5 E 670, f°138)

Sources :