Le château de Miglos par Paule Soulé
Le château de Miglos par Paule Soulé
Artistes Méridionaux – XXXle Exposition de Toulouse 1940
C’est grâce à cet article paru en avril 1970 dans “L’AUTA QUE BUFO UN COP CADE MÉS” que nous avons retrouvé ce dessin.
Paule Soulé – 1896 ?, 1970
Qui ne la connaissait ? Fidèle des expositions et des concerts, particulièrement attachée aux salons des Artistes Méridionaux dont elle fut la secrétaire vigilante pendant plus de quarante ans, elle fut en contact avec tous les artistes toulousains de son époque, en vit disparaître avec tristesse un bon nombre et assista aux débuts de jeunes aujourd’hui notables. Au moment délicat de l’accrochage elle veillait à tout, accueillant tout le monde, écoutant les doléances, s’efforçant à la fois de donner satisfaction et de faire entendre raison, car elle avait la passion de la justice et de l’ordre. Par ses fonctíons et par son assiduité d’exposante, elle fut une figure du monde des arts et, par ses cours à l’atelier. Vivent où elle accueillait dames et jeunes filles (et même quelques jeunes gens dont l’un d’eux, Marfaing, est devenu célèbre), elle fut une figure du monde tout court.
Si, dès sa jeunesse, elle s’intéressa aux arts, elle ne pensait guère en faire une profession; mais les. circonstances l’y obligèrent. Née d’une famille aisée avant 1914, l’évolution des conditions de la vie ramenèrent à s’assurer d’autres res sources. Ce qui n’avait été qu’un passe-temps devint un travail véritable, entrepris avec foi et soutenu sans défaillance jusqu’a la fin de ses jours survenue dans sa soixante-quinzième année.
C’est en 1921 qu’elle débuta au Salon des Artistes Méridionaux dans le cadre de l’exposition de l’Union Latine. Si elle ne figure pas dans le catalogue (elle dut arriver trop tard), on trouve son nom régulièrement dans tous les autres, jusqu’au dernier en 1965. Dans cette longue participation s’inscrit, dans les titres des oeuvres, toute la vie de Paule Soulé, vie rappelant celle des paysagistes de la Belle Epoque qui changeaient de sujet en changeant de région, tout en restant fidèles à un point d’attache. Paule Soulé en eut deux : Toulouse et Saint-Jean-de-Luz. L’hommage qu’elle leur rendit est attesté par d’innombrables aquarelles s’échelonnant tout au long de sa carrière. Entre elles viennent s’intercaler celles que lui inspirèrent ses voyages qui lui révélèrent tour a tour, en 1929 le Causse, Saint-Antonin et l’Albigeois; en 1930 le Lot avec Autoire, Castelnau-de-Bretenoux, Saint-Céré, Espalion; en 1931 l’Alsace; en 1932 Bruges; en 1933 Nice, Villefranchce-sur-Mer et Annecy: en 1934 les Pyrenees-Orientales; en 1935-36 les Hautes-Pyrénées avec Campan et Baudéan; en 1937 la Creuse avec Argenton; en 1938-39-40 l’Ariège avec Tarascon, Saint-Lizíer, Miglos. En 1943-44-46, retour au Lot avec Puy-L’Evêque et Duravel; en 1953 la Dordogne; puis, pendant plusieurs années, l’Aude et particulièrement la région de Peyriac-sur-Mer; en 1963-65 le Roussillon, l’Espagne, Venise, Vérone, la Bourgogne. II est prudent d’ajouter et cœtera.
Et Toulouse ? Eh bien, Toulouse, elle n’a cessé de le peindre, du Pont-Neuf au Jardin du Capitole, de la rue du Taur aux Jacobins, de la cour Sainte-Anne au presbytère de Saint-Pierre, de I’Hôtel d’ Assézat à l’Hôtel du May et à I’Hôtel d’Hautpoul, des Augustins à l’Hôtel de Saint-Germain, de Tounis à Saint-Sernin. Comme Bouillière, elle en laissera des images multiples, parmi lesquelles se détachent avec un bonheur particulier les marches aux fleurs de la place du Capitole et des tours aux briques ensoleillées éclairant de vieilles cours. En vraie méridionale, elle avait la passion du soleil.
Et cependant, elle nous a laissé aussi et ce sont peut-être ses meilleures œuvres quelques intérieurs inspirés par l’atelier Vivent et ses séances de module vivant. Cet atelier fut une partie de sa vie. Elle le conserva à Georges Vivent malade; puis, le vieux sculpteur disparu, elle en prit la direction, sachant y attirer des familiers et de nombreux élèves. II fut sa préoccupation ultime. Très gravement atteinte, elle s’y rendait encore avec une énergie qui faisait l’admiration de tous et qui certainement a prolonge ses jours, car par sa volonté, on sentait qu’elle défiait la mort. Mais tout a une fin et l’indomptable travailleuse a trouvé enfin le repos qu’elle avait refusé toute sa vie.
Ses obsèques ont eu lieu le 18 mars. Le service funèbre fut célébré dans Ja petite chapelle de l’Hôpital de Purpan qui pouvait à peine contenir la cinquantaine d’amis entourant son cercueil.
Attachée à tout ce qui exaltait Toulouse et notre Midi, Paule Soulé était des nôtres depuis 1922.